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"On peut être artiste sans être rien de particulier". M.D
7 mai 2010

Le Centre Pompidou-Metz, c'est bientôt !

           centre_pompidou_c_est_bient_t La première exposition qui se déroulera au sein du Centre Pompidou de Metz sera consacré à (ré)interroger les critères qui font de l’œuvre un chef d’œuvre. Est-il encore aujourd’hui question de chef d’œuvre, un thème qui semble pas mal secouer la critique et remuer l’actualité artistique contemporaine.

Chef-d’œuvre ? s’articule autour de quatre temps forts et s’étend sur une majeure partie des salles d’expositions du centre d’art. Ainsi cette manifestation retrace l’histoire du chef-d’œuvre artistique au fil des siècles et des différents courants créatifs. Le spectateur est donc invité à déambuler à travers quatre espaces consacrés aux Chefs-d’œuvre dans l’histoire, aux Histoires de chefs-d’œuvre, Rêves de chefs-d’œuvre et enfin aux Chefs-d’œuvre à l’infini. Ce parcours se propose d’interroger la relation entre les œuvres, le public, les institutions dans lesquelles elles prennent place où encore leur rapport avec les procédés techniques permettant la reproductibilité.

La dernière partie de l’exposition consacrée à l’art contemporain souligne justement ce changement, cette évolution qu’a subie l’œuvre d’art au fil des années. Soumise aux nouvelles technologies, aux techniques numériques, à la vidéo, à la performance ou à tout autre genre de « non-art », l’œuvre peut-elle encore aujourd’hui répondre aux critères qui la qualifieraient de chef-d’œuvre ; possède t’elle encore cet aura dont parlait W. Benjamin ?

L’œuvre actuelle, soumise aux principes de reproductibilité, ayant perdu son unicité, peut être multipliée infiniment par le biais de la copie. Si la notion de chef-d’œuvre existe encore, semble t’il alors qu’il faudrait la chercher ailleurs qu’à travers son caractère unique et « auratique ».

            Toute l’analyse de Benjamin repose sur l’opposition, bien connue, rebattue et même trivialisée depuis son essai, entre l’œuvre « auratique », douée d’une aura unique et magique, de l’art du passé et l’œuvre fondamentalement reproductible de notre époque. […]

            Ce que la reproductibilité mécanique détruit, c’est l’aura : l’existence singulière et fragile, la contingence de l’œuvre au lieu où elle se trouve, une expérience simultanée du proche et du lointain de l’œuvre, de son authenticité dans une « localisation » unique. […]

            Le spectateur passe ainsi d’un monde où il se recueillait devant les œuvres pour se retrouver plongé en elles ou les faire entrer en lui, un monde de l’absorption dans les deux sens du terme, à un monde où il est distrait et manipulé par les images pour son plus grand plaisir : s’ouvre le temps de « la réception dans la distraction ». […]

            Au fond, le musée est la plus belle illustration du diagnostic de Benjamin, dans ce qu’il a de plus grinçant : il sauvegarde la valeur culturelle en la soumettant aux valeurs de l’exposition et de la publicité.

picasso_metz

Yves Michaud,

L’art à l’état gazeux, Essai sur le triomphe de l’esthétique,

Hachette Littératures, Editions Stock, 2003.

Pages 111-113-115-116-123.

            Cette première exposition – qui tente de comprendre ce qu’est advenu l’œuvre et en particulier celle qu’on qualifiait de chef-d’œuvre – se déroule au sein du nouveau Centre Pompidou de Metz qui ouvrira ces portes le 12 mai prochain. Mais, au constat de la publicité et des démarches mises en place pour la communication, des enjeux économiques véhiculés par cette manifestation mais aussi par l’ouverture du site culturel, il semblerait que l’art soit un « prétexte » à vendre de la culture conditionnée pour spectateurs ayant soif de connaissances.

C’est pourquoi, à l’issue de la visite – et pour ne pas rester sur leur fin/faim (car l’art contemporain serait parfois reconnu comme étant indigeste.), un restaurant ainsi qu’un bar invitent les regardeurs à étancher leur appétit culturel. Tout est donc dans ce mall de l’art[1], conçu afin de satisfaire les besoins du consommateur. Alors avis aux amateurs…d’art ou d’autres produits dérivés : le Centre Pompidou-Metz, c’est bientôt !

Le  site du Centre Pompidou-Metz c'est par là: http://www.centrepompidou-metz.fr/site/?-chefs-d-oeuvre,911--

Restaurant La Voile Blanche

Prolongeant l’expérience de la découverte artistique, le restaurant La Voile Blanche propose aux visiteurs une halte gastronomique dans un décor élégant. Les architectes Patrick Jouin et Sanjit Manku ont conçu un espace inspiré du kaléidoscope composé notamment de panneaux de verre affûté. Ce théâtre d’illusions jouant sur les reflets et la perception des images est contrebalancé par les formes souples des fauteuils composés de deux pétales.
C’est dans cet espace inspiré, composé d’une salle de restaurant, d’un bar et de deux terrasses, qu’officie Jean-Marie Visilit. Le chef de la Grange de Condé, établissement renommé situé à une vingtaine de kilomètres de Metz, a choisi d’ajouter des touches contemporaines à une cuisine régionale de marché. Les formules s’adaptent à toutes les faims : repas d’affaires, déjeuner avant ou après une visite, repas sur le pouce, salon de thé, bar chic.

Tous les jours de 11 h à 22 h 30, sauf le mardi (jour de fermeture) et le dimanche, brunch de 10h à 18h

Bar 333

Restauration rapide et bar. Le 333 propose petit-déjeuner, apéritif et restauration légère de 11h à 18h, puis bar du soir jusqu’à la fermeture. Le bar ferme ses portes au départ des derniers clients.

dali_metz

Dans le même temps ou presque, dans le champ de la relation aux expériences et du culte de l’art, on assiste à la rationalisation, à la standardisation et à la transformation de l’expérience esthétique en produit culturel accessible et calibré. […] Ici se consomme, à tous les sens du terme « consommer », une production industrielle des œuvres et des expériences qui aboutit, elle aussi, à la disparition de l’œuvre.

Yves Michaud,

L’art à l’état gazeux, Essai sur le triomphe de l’esthétique,

Hachette Littératures, Editions Stock, 2003.

Page 12.


[1] Ce qui se traduit et se manifeste au grand jour dans le développement puis l’inflation du nombre des musées et leur transformation en temples commerciaux de l’art – malls de l’art.

Yves Michaud, L’art à l’état gazeux, essai sur le triomphe de l’esthétique.

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Commentaires
H
Bel exemple que l’ouverture de ce nouveau musée pour annoncer le triomphe des thèses de W. Benjamin ! <br /> <br /> Musée, café, bar… l’art deviendrait-il polyvalent ? Mieux encore, la culture serait marchandise. Pauvre portefeuille que celui des visiteurs qui se voient sollicités à tous les coins du musée par des librairies, des cafétérias, des restaurants et autres étals de cartes postales. <br /> A l’image de Keith Haring avec sa boutique Pop Shop de New-York (crée en 1988) dans laquelle sont commercialisés des objets, vêtements, posters, etc. illustrés par lui. On ne le remerciera pas assez d’avoir cherché à démocratiser l’œuvre d’art ! Alors que la culture fut, autrefois, un travail intellectuel, de conscience, elle est désormais considérée en termes de marketing, d’impact économique sur notre environnement.<br /> <br /> Pom pom pidouuuu !<br /> <br /> A travers cet article sur le nouveau centre Pompidou, ne serait-il pas aussi intéressant que de réfléchir sur l’avenir de l’art ? L’art deviendrait-il polyvalent jusqu’à mobiliser divers sens comme la cuisine, la musique, le design, l’architecture ? <br /> En effet, comment ne pas parler de cette nouvelle institution sans rappeler les autres « services » qu’elle propose. Car oui, le nouveau Centre Pompidou-Metz se veut être « une expérience culturelle inédite ». Expérience ? Evènement ? Tel un spectacle extraordinaire, inhabituel. L’art, « une affaire de plaisir et de divertissement », voilà le bilan tiré par Yves Michaud dans son ouvrage « L’art à l’état gazeux ».
"On peut être artiste sans être rien de particulier". M.D
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